Autour de la Naissance : les empreintes périnatales et la grossesse

La Gestation et la Naissance, une voie de transformation…

Au cours du 20ème siècle, bon nombre de médecins se sont penchés sur le temps de la gestation et de la naissance. Parmi eux, l’obstétricien Frédérick Leboyer, le laryngologiste Alfred Tomatis, Janus, le psychothérapeute Arthur Janov, fondateur de la thérapie primale, ou encore, Stanilav Grof, psychiatre américain ayant introduit la notion de Matrices Périnatales.

En 1982, divers professionnels se regroupent pour former l’Organisation Mondiale des Associations pour l’Éducation Périnatale (OMAEP).

Tous en sont arrivés à la conclusion que la gestation et la naissance constituaient des périodes très sensibles pendant laquelle, le bébé reçoit un certain nombre de stimulations qui vont modeler déjà, son comportement, ses croyances, sa physiologie, son rapport au monde.

La société d’aujourd’hui met d’avantage l’accent sur l’accompagnement médical de la grossesse et de la gestation. Une fois l’enfant naît, bien vivant, le travail de la médecine est accompli et l’importance des complications, qu’elles soient importantes ou tout à fait minimes, banales, est négligée.

Les enfants interrogent très souvent leurs parents sur la façon dont ils sont arrivés dans le ventre de leur maman, comment ils en sont sortis. Ils grandissent, deviennent adultes et oublient tout à fait ces questions, qui cependant, peuvent apporter réponses et délivrances, là où nous nous sentons en souffrance et bloqués de façon récurrente. La vie prénatale et le moment si crucial de la naissance font partie de l’histoire d’un individu, à la même place que l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte, le milieu et la fin de vie. La Psychologie périnatale dévoile aujourd’hui cette vérité, encore en balbutiement dans les consciences et les médias. Dans nos introspections, dans nos vies, nous sommes tronqués d’une partie de notre vécu individuel, et donc, de nos potentiels. « La capacité à mieux intérioriser cette dimension de notre être et de notre vie pourrait nous permettre de devenir des êtres humains plus complets » affirme le Dr. L. Janus. Prendre conscience de ce niveau pourrait permettre par nos actions et décisions de « participer plus complètement de l’être ».

 

Les mémoires périnatales et la grossesse

 

Lors de sa grossesse et dans les mois suivant son accouchement, la femme et la jeune mère peut reconnecter elle-même, sur le plan inconscient, les stress de ces périodes périnatales. Rêves, cauchemars, anxiété, peur de ne pas être à la hauteur en tant que mère peuvent surgir dans son quotidien sans raison apparente.

 

 

La grossesse, un bonheur ?

 

 

Aujourd’hui, dans notre société, la grossesse et la maternité son particulièrement valorisées. Que se soit à la télévision, dans les magasines, les conversations, la femme enceinte et la jeune mère sont toujours représentées le sourire aux lèvres, le visage épanouie et transmutée par la douceur. C’est l’image cultivée par les médias, la religion et l’enfant en chacun de nous qui continue de fantasmer la bonne mère du passée, le paradis perdu. La grossesse est préjugée comme étant une grande joie, une bénédiction.

Lorsqu’une femme découvre sa grossesse, elle est ainsi confrontée à ses innombrables images de bonheur, à ces portraits de mères rayonnantes et dévouées à leur enfant. Elle annonce sa grossesse et son entourage, la plupart du temps la félicite, s’intéresse à son ventre qui s’arrondit. Souvent, la femme se sent tout à fait à l’aise avec son avenir de future maman et prend plaisir à rencontrer l’enfant qui grandit en elle. D’autres fois, sous le sourire se cachent des interrogations, des peurs, un sentiment de malaise confus, voire un non-désire de cette grossesse. Dans ce cas, la femme enceinte a particulièrement besoin d’être épaulée et accompagnée pour éclaircir ses doutes, se rassurer et décider du chemin à suivre. Mais comment révéler alors à son entourage que cette grossesse n’est pas synonyme de bonheur pour elle ? La plupart des femmes s’interdisent ainsi d’exprimer leurs souffrances, peuvent les vivre secrètement, voire les refouler totalement. Cela induit un risque plus probable de baby blues, voire, de dépression post-partum après l’accouchement.

 


 

La grossesse : ses interrogations

 

La découverte d’une grossesse peut être particulièrement bouleversant, remettre en question des choses qui jusqu’alors semblaient ne poser aucun problème :

 

- Quelle mère vais-je devenir ? Quelle mère je voudrais être?
- Où j’en suis de mon féminin ?
- Où j’en suis dans ma vie de couple, ma famille ? Ma vie professionnelle ? Mes projets ?
- Est-ce que je me sens suffisamment en sécurité pour porter et donner la vie maintenant ?
- Quels sont mes besoins émotionnels et affectifs ?
- Comment j’imagine mon futur enfant ? Sa santé ? Son apparence ? Son histoire ?
- Ai-je un modèle maternelle suffisamment bon pour m’aider à devenir mère à mon tour ?
- Où j’en suis dans l’image de mon corps en changement ?
- Comment je vis l’idée de partager mon corps un autre que moi ?
- Est-ce que je suis à l’aise avec l’accouchement ?

Il arrive également qu’un malaise insaisissable apparaisse. La plupart du temps, il est relié à la blessure archaïque et inconsciente des propres conditions pré et post-natale de la future maman. Le Dr L. Janus écrit d’ailleurs à ce sujet : « certaines femmes reproduisent de façon confondante les conditions de leur naissance en mettant un enfant au monde ». Selon lui « l‘existence de difficultés dans ce domaine (la vie périnatale) peut impacter, entraver, voir bloquer l’accouchement. À l’inverse, l’expérience que chaque parturiente a de sa propre naissance recèle des forces élémentaires qui peuvent lui venir en aide au moment où elle donne la vie à son tour. »

 

Ce sont ces « forces élémentaires » , ces ressources positives qu’un accompagnement propose d’aller chercher à l’intérieur de soi, en vue d’une grossesse, d’un accouchement et d’une relation sereine avec l’enfant à naître.

 

Le vécu du père

 

 

Comme la jeune mère, le papa peut reconnecter des souvenirs liés à sa propres vie périnatale, à son enfance comme à son lien avec les parents du passé. Il peut ainsi voir surgir des situations et blocages particuliers tout au long des neuf mois de la grossesse et durant les premières années après la naissance de son enfant.

Alors que son épouse forme un couple symbiotique avec le bébé pendant et après la grossesse, le père peut chercher sa place au milieu de ce duo, s’interroger sur son nouveau rôle et a apprivoiser sa nouvelle situation conjugale. Selon sa sensibilité, le père peut aller jusqu’à s’identifier au vécu de sa femme et vivre la grossesse par procuration ou se sentir à l’écart après la naissance. Le papa est donc fortement impliqué sur le plan émotionnel, tout comme sa femme.